Feux du ciel

L’écriture de Souvenirs de guerre a commencé en 1965 bien avant l’Internet.

Souvenirs de guerre trace ses origines par la lecture de ce livre.

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55 ans plus tard,  j’ai commencé à le relire.

Il y avait un chapitre sur Malte et Buzz Beurling. Je l’ai trouvé très intéressant, surtout avec des souvenirs très vivants de ce qui se passait à Malte. Tellement vivants en fait que j’ai été intrigué et que je voulais comparer les faits avec ce que j’avais déjà lu sur Buzz Beurling dans Sniper of the Skies, écrit par Nick Thomas.

Clostermann avait également écrit dans Feux du ciel qu’il avait rencontré Buzz Beurling en juillet1944 alors que tous deux étaient à la base RAF Catfoss. Il raconte comment Beurling s’était fait ramasser pas à peu près par Sailor Malan. Clostermann rajoute qu’il y avait même rencontré Richard Bong, l’as américain avec ses 40 victoires, et que Bong, Beurling et lui, avec Jacques Remlinger, étaient devenus des amis tellement inséparables qu’on les avait surnommés les quadruplés de Catfoss.

Puis je me suis mis à douter et j’ai trouvé ceci…

https://www.wikiwand.com/fr/Discussion:Pierre_Clostermann

C’est une page de discussion d’un texte hagiographique sur Pierre Clostermann, mon héros de jeunesse.

On y parle entre autres de name dropping.


Juste pour l’histoire du name dropping, il me semble évident que les ouvrages de Clostermann sont bourrés d’inexactitudes. Je vais me concentrer sur l’histoire de Beurling dans « Feux du ciel » – le palmarès évoqué dans la « première journée à Malte » ne correspond en rien au tableau de chasse officiel de Beurling. Il n’a jamais descendu de Ju87, et certainement pas 4 avions dans la même journée. Les noms de son flight leader et de son camarade Willie the Kid n’apparaissent nulle part dans sa biographie. L’ensemble de ce chapitre ressemble à une fiction arrangée qu’à un récit historique, en contradiction avec les affirmations de Clostermann qui parle de milliers de pages d’archives consultées pour écrire son livre.

– Beurling était au Canada à partir du 8 mai 1944, ce qui est indiscutable car il a été largement médiatisé, photographié et enregistré là-bas. On voit mal comment il aurait pu se retrouver à Catfoss avec Clostermann en juillet 1944, comme il est écrit page 64 de l’édition « J’AI LU » de 1968 de « Feux du ciel » :

« J’ai rencontré le sous-lieutenant George Beurling D.S.O., D.F.C., D.F.M. and Bar pour la première fois à Catfoss fin juillet 1944 ».

Beurling a bien été à la « Central Gunnery School » un an plus tôt (de mai à septembre 1943) mais à cette époque Clostermann n’y était évidemment pas.

Au passage, le chapitre sur Bataan est également très approximatif, en particulier l’insistance sur la présence de « zéros » A6M2 qui étaient en réalité des Ki 27, ce qui est largement établi par l’ordre de bataille de l’aviation de l’armée impériale japonaise (qui n’a jamais possédé le moindre zéro d’ailleurs, tout au plus des Ki 43 Hayabusa/Oscar qui n’étaient pas encore présents sur ce théâtre d’opération au moment de l’invasion des Philippines).

Juste un mot sur les raisons de mon intervention : j’ai lu la version simplifiée (Bibliothèque Verte !) du « Grand Cirque » vers 9 ou 10 ans avant de lire et relire l’édition originale de 1948 dont je possède encore un exemplaire, et je dois sans doute comme tant d’autres ma passion de l’aviation à M. Clostermann, mais je trouve ridicule le silence assourdissant sur les inexactitudes qui parsèment ses livres et une certaine tendance à enjoliver ses souvenirs ou à se donner un rôle d’expert que la plupart des sources historiques contredisent largement.

Ça n’enlève rien au respect que peut inspirer son engagement durant la guerre, mais à mon sens ce n’est pas respecter cet homme que de couvrir ses erreurs dans un souci hagiographique.

Ayant Sniper of the Skies sur la vie de Buzz Beurling…

J’ai pu valider ceci…

Beurling embarked for Canada on 30 April (1944), the Queen Elizabeth docking at port 8 May.

Beurling embarque pour le Canada le 30 avril (1944), le Queen Elizabeth accoste au port le 8 mai.

Si Clostermann n’a jamais rencontré Beurling, Bong et même Sailor Malan lorsqu’il a été affecté à RAF Catfoss en juillet 1944, aurait-il inventé d’autres anecdotes dans Feux du ciel ?

Pourquoi avoir inventé des anecdotes quand on est « Le Premier Chasseur de France et Grand Officier de la Légion d’Honneur » ?

Juste un mot sur les raisons de ce billet…

J’ai lu Le Grand Cirque vers 12 ou 13 ans. Je possède encore l’édition originale de 1948.

Je dois sans doute comme tant d’autres ma passion de l’aviation à Pierre Clostermann…

Ça n’enlève rien au respect que peut inspirer son engagement durant la guerre…

 

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Adrien Tremblay, 17 décembre 1944

J’avais écrit ceci en le 11 novembre 2009. Je veux le remettre en ligne avec de légères modifications en ce jour du Souvenir.


C’est le jour du Souvenir…

Moi, je me souviens d’Adrien Tremblay.

Voici une photo d’Adrien Tremblay. Adrien c’est le cousin de mon père. Adrien est décédé en Hollande le 17 décembre 1944.

 

2008-08-27 Adrien Tremblay

Adrien Tremblay 1922-1944

J’avais parlé d’Adrien dans mon ancien blogue sur la généalogie aujourd’hui disparu comme Adrien. C’était mon article du 24 janvier 2009. J’avais retrouvé des descendants de mon arrière-grand-père Édouard Métayer, capitaine de pompier. Édouard Métayer est un responsable de mon blogue sur la généalogie et Adrien un peu responsable de mon blogue Souvenirs de guerre… C’est plutôt l’oncle de ma femme qui a mis le feu aux poudres.

L’histoire de la Deuxième Guerre mondiale est un peu responsable de mon intérêt pour l’histoire, de mes études en histoire et de ma carrière d’enseignant… que je poursuis depuis 2008 avec mes blogues.

Adrien Tremblay faisait partie des Fusiliers Mont-Royal.

Voici sa fiche sur le site du Mémorial virtuel de guerre du Canada.

À la mémoire du
soldat
JOSEPH ARTHUR ADRIEN  TREMBLAY

décédé le 17 décembre 1944

Service militaire :

Numéro matricule : D/139749
Âge : 22
Force : Armée
Unité : Les Fusiliers Mont-Royal, R.C.I.C.

Renseignements supplémentaires :

Fils de M. et Mme Aurèle Tremblay, de Montréal, province de Québec.

Voici une autre photo d’Adrien.

Adrien Tremblay janvier 1944

C’est la cousine de mon père qui m’avait envoyé des photos d’Adrien. 

J’avais appris qu’un oncle de ma femme faisait aussi partie des Fusiliers Mont-Royal. Cet oncle est le frère de celui qui aurait été sur l’Athabaskan et qui avait mis le feu aux poudres lors d’une réunion de famille en juillet 2009. Il avait dit que les gars de la marine les appelaient les « fous alliés » au lieu des fusiliers après avoir parlé un peu de son aventure sur le destroyer Athabaskan…

Son frère Jean avait été du débarquement de Normandie et avait  blessé. Sa mort en 1964 avait été une suite de ses blessures de guerre. Cet oncle Jean et Adrien ont dû se connaître.

J’ai trouvé des témoignages sur un blogue américain qui parle du débarquement de Normandie. Je cherchais des images sur le débarquement. C’est pas beau à lire…

Le  texte raconte sans doute ce qu’Adrien et l’oncle de ma femme ont dû vivre ensemble sur les plages de Normandie…

Je traduis ce texte pour vous en vous mettant des photos du vieil album d’Earl Silver. Elles avaient été partagées par son neveu. Je trouve que le hasard a bien fait les choses.

Traduction

Aujourd’hui votre tâche est tout ce qu’il y a de plus simple. D‘abord vous devez mettre sur vos épaules 40 à 50 livres d’équipement.

going over

Ensuite, vous devez descendre d’un filet en corde qui frappe sur le flanc en acier d’un bateau et sauter dans un rectangle d’acier qui se balance sur la surface de l’océan au-dessous de vous.

Going over the side

D’autres sont déjà à l’intérieur dans le bateau d’acier criant  et vous exhortant de vous dépêcher. Une fois sur le bateau, vous êtes debout avec des douzaines d’autres soldats alors que le bateau vous amène vers des côtes et des falaises à l’horizon sous une pluie torrentielle de balles et d’explosions.

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going ashore

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De temps en temps, des bateaux tout près sont frappés avec un obus et se désagrègent en une pluie rouge de chair humaine et de balles. L’odeur des soldats, qui se terrent au fond du bateau et qui se souillent près de vous, tandis que la crainte leur mord la nuque, se mélange avec l’odeur de cordite et d’algues.

Devant vous, au-dessus des casques d’acier des autres soldats, vous pouvez voir la surface plate de la rampe maintenue en place devant les vagues.

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Vous entendez le bruit sourd et métallique des balles qui frappent la rampe. Le barreur crie et vous entendez le mégaphone alors que vous sentez la quille du LST frotter sur les roches et le sable des plages normandes.

Derrière vous, les gros obus des bateaux de l’armada sifflent et gémissent au-dessus de vos têtes. Les explosions tout autour augmentent avec intensité et les balles tirées des falaises secouent le bateau. Les soldats s’accroupissent plus bas et se penchent vers l’avant. Finalement la rampe s’abaisse et vous voyez la plage. Les soldats se lancent à l’assaut et vous les suivez. Vous pataugez dans les eaux froides de la Manche avançant vers le sable déjà trempé par la mort et vers des corps teintant de cramoisi les eaux du ressac.

C’est pire sur la plage. Les balles continuent à fouiller dans le sable en y creusant des trous à la recherche de votre corps. Elles en trouvent d’autres qui s’affaissent comme des quartiers de viande en coupant les cordes qui les relient au paradis. Vous courez vers l’avant, car qu’il y a que l’océan derrière et de en plus de morts. Puis… sans trop le savoir… vous atteignez un minuscule abri au bas des falaises. Il y a là d’autres soldats, confus et recroquevillés, pas prêt du tout à retourner dans cette tempête d’acier qui continue de s’abattre sur la plage.

Ensuite quelqu’un, quelque part tout près, vous dit d’aller vers l’avant, de continuer, peu importe, de quitter cette plage et d’aller sur les hauteurs. Comme vous ne savez pas quoi faire d’autre, vous vous levez et vous avancez, en mettant un pied après l’autre, pour commencer la reconquête de l’Europe.

Si vous avez de la chance, beaucoup de chance ce jour-là, vous marcherez jusqu’en Allemagne et la guerre sera finie. Vous irez rejoindre votre famille dans une ville quelque part, et vous ne parlerez pas beaucoup de ce jour ni d’aucun autre après celui-là, plus jamais.

Ils vous demanderont après ces longues années « ce que vous avez fait pendant la guerre. » Vous penserez à ce jour et vous ne saurez pas trouver la bonne réponse. C’est que vous savez combien vous avez été chanceux ce jour-là.

Si vous n’avez pas été chanceux, vous serez 65 longues années plus tard sous une des croix blanches plantées sur une grande pelouse.

Des politiciens médiocres et des bureaucrates bedonnants marmonneront des platitudes et de vides éloges au sujet de gestes qu’ils n’ont jamais posés et d’hommes dont ils ne pourront jamais suivre l’exemple. Vous les entendrez vaguement et loin des cavernes de votre long sommeil. Vous voudrez qu’ils partent et qu’ils vous laissent vous et les autres à votre profonde étude de l’éternité.

Soixante-cinq ans ? Ça paraît beaucoup pour les vivants. Mais ce n’est qu’un petit bout de temps. Laissez-nous tranquilles et et retournez à vos petites vies insignifantes.

Nous allons de l’avant, vous êtres faibles pomponnés et défilant au-dessus de nous, vous ne saurez jamais comment nous sommes morts ou comment nous avons vécu. Si nous pouvons encore vous entendre, vos miaulements nous font seulement dire entre nous, « Nous sommes morts pour quoi ? »

Politiciens médiocres et bureaucrates bedonnants taisez-vous et partez. Nous sommes un avec la mer et le ciel et le vent. Nous allons de l’avant.

Si j’avais traduit ce texte, c’est qu’il rejoint un peu ce que je pense…

J’avais aussi trouvé un livre écrit par Antony Beevor qui raconte une toute autre version, différente de l’histoire officielle de ce grand débarquement. 

Quant à la mère d’Adrien, la cousine de mon père m’avait dit que sa mère ne croyait pas que son fils était mort en Hollande. Elle espérait toujours le voir revenir…

À bien y penser, je me demande qui sont ces gens derrière ces historiens qui nous racontent à leur façon plein de choses sur les soldats morts pendant les guerres.

Pourquoi?

Pourquoi?

J’ai demandé à Nicolas de vous écrire suite à la mise en ligne de mon dernier billet

Soyez assuré que je ne mène pas ce combat pour rien. Trois raisons m’y poussent.

L’injustice, d’abord. Il faut écouter la vidéo pour bien comprendre qu’il y a une injustice envers Ross. Ceux qui ont fait le monument aux pilotes de Typhoon à Noyers-Bocage l’ont volontairement omis parce qu’il n’est pas mort les mains aux commandes de son avion. Ils ont jugé qu’il ne méritait pas de se retrouver auprès de ses frères d’armes. Sur la liste officielle dans l’église d’à-côté, il n’a pas été recensé non plus.

J’ai fait des démarches pour corriger le tir sur ce monument et j’ai essuyé un refus. Quelqu’un a même eu l’affront de prétendre que son dossier est un faux et que Ross était un mécanicien qui se costumait pour paraître sur les photos de l’escadron. Absurde et injuste.

Le sens du sacrifice, ensuite. Tant et aussi longtemps qu’on prend un nom sur une liste pour ce que cela semble être, soit un nom sur une liste de noms, on efface l’humanité que portait ce nom. Il y a une vie derrière ces hommes, et c’est mon travail de ramener ces vies à la nôtre.

Que signifie le nom de Napoléon Hattote sur un monument aux victimes de la Marine marchande, si on ne fait pas le lien avec son fils Lauréat, miraculé mais brisé psychologiquement par le même naufrage, et si on ne fait pas le lien avec son autre fils Émile, tué en Hollande?

Le transfert de la mémoire, finalement. Les jeunes générations ne répondent plus présents aux cérémonies traditionnelles. Les plaques commémoratives conventionnelles ne leur parlent pas. À mesure que les témoins s’effacent, il n’y a plus de moyen pour eux de comprendre ce qui s’est passé. Une œuvre sculpturale qui offre au regard le visage très symbolique de ce garçon mort tragiquement est à mes yeux une façon renouvelée de commémorer. C’est l’objectif de l’art : permettre aux gens de voir une chose sous un autre angle.

Flying Officer Ross Johnson and comrades in arms

Image colorisée par Pierre Lagacé

 

Ross Eveleigh Johnson from Doug Banks

Image colorisée par Doug Banks

Souvenirs de guerre

Souvenirs  de  guerre

J’en savais  beaucoup  sur la Deuxième  Guerre  mondiale  en juin 2009, mais  pas autant  que  j’en sais maintenant.

Depuis  ma rencontre avec l’oncle  de  ma femme  en juillet  2009, je n’ai pas  cessé d’écrire sur la Deuxième Guerre mondiale en commençant par Souvenirs  de  guerre, puis  sa version  anglaise Lest We  Forget pour mes collaborateurs  et collaboratrices de langue  anglaise.

Ces deux blogues ont fait des « petits » au fil des ans. Assez pour que les gens  se demandent pourquoi j’écris tant.

To forget  is  not  an  option.

Oublier n’est pas une option.

Pas du moins  dans le monde  où  nous  vivons présentement.

Les frères Rousseau, s’ils  avaient  survécu à la guerre, s’interrogeraient sur les sacrifices  de toute  une génération.

famille de Lacasse Rousseau et Gabrielle Fafard

Oublier n’est pas une option.

Article paru dans La Vigile du Québec en août 2012

Et moi qui posait juste une petite question sur mon blogue Souvenirs de guerre…

Dieppe 1942

Mes recherches m’ont guidé vers Soeur Agnès Marie…

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Les 18, 19 et 20 août 2012, dans la ville portuaire de Dieppe et dans les communes se trouvant dans sa proximité atlantique, se déroulaient les cérémonies commémoratives de la dramatique opération alliée « Jubilee ».

Le court texte qui suit est celui d’une personne qui s’y trouvait : Soeur Agnès Marie. En 1942, à peine âgée de 25 ans, elle débutait une exceptionnelle carrière d’infirmière. Toujours aujourd’hui en possession d’une vigueur intellectuelle exceptionnelle, d’un bon sens remarquable et d’une conscience de fraternité hors du commun, elle est sans doute une des personnalités les plus aimées de Normandie. Elle fait partie de la Communauté des Hospitalières de la Miséricorde de Jésus, celle-ci ayant monastère à quatre kilomètres de Dieppe, lieu duquel plusieurs religieuses partirent un jour de 1637 pour aller fonder, et faire fonctionner, le premier établissement de santé d’Amérique du Nord : l’Hôtel Dieu de Québec.

Ses paroles ne manqueront pas de vous toucher ; je crois. Je vous les adresse à chacune et chacun en vous laissant deviner les silences et les émotions et réactions des quelques Québécois et Acadiens qui ce jour-là, ne se trouvaient pas par hasard en cet endroit sacré.

Voici son allocution publique :

Les années écoulées depuis 70 ans n’effaceront jamais de la mémoire de votre doyenne, le rappel du 19 août 1942.

Des chiffres, des lettres gravées sur les pierres blanches de ce cimetière des Vertus dévoilent la présence d’une jeunesse fauchée avant le temps. Ils sont des centaines à reposer sur cette terre qu’ils ont à peine foulée, tombés à l’assaut de Dieppe le 19 août ou un autre jour de cette guerre si lointaine et pourtant si proche.

La folie meurtrière des hommes n’a pas d’âge. Le temps du souvenir, pas de limite, et quand, 70 ans plus tard, l’heure du recueillement sonne encore, comment ne pas penser, le coeur serré, à ces soldats, venus du Canada ou d’ailleurs, s’échouer sur les plages normandes de la Côte d’Albâtre.

Ils étaient père, époux, frère, jeune ou âgé avant d’être entraînés dans la spirale d’un conflit mondial, bouleversant le cours de leur existence. Auparavant, n’avaient-ils pas goûté au sel de la vie ? Hélas ! Lancés dans un raid hasardeux, ils n’ont pu atteindre leur objectif, mais ils ont conquis l’éternité bienheureuse.

Avant de vous quitter, chers amis, permettez-moi de rendre vivantes les paroles de trois d’entre eux exprimées avant de mourir.

Quand, tard dans la nuit du 20 août, dès deux heures du matin et à quatre heures, deux ambulances avançaient dans la nuit noire, à cause des bombardements, franchissant la grille de l’Hôtel Dieu de Rouen où une antenne chirurgicale était tenue par les Allemands. A l’ouverture des portes de l’ambulance, un grand blessé s’écriait « Oh ! des soeurs comme au Québec ! », un second, « la France, il fallait qu’on l’aime pour tenter pareille aventure » et le troisième « la France, on vous la rendra ! ».

Effectivement, Dieppe a été libéré le 1er septembre 1944 à 10 heures du matin par la 2ème division canadienne sous le commandement du Général Roberts.

Ces grands blessés ont été soignés en toute urgence, mais hélas par des moyens très précaires. Nous devions d’abord les réchauffer, n’étaient-ils pas dépouillés de tous leurs habits à leur arrivée ? A même le sol, sur des brancards de fortune, nous leur donnions les soins nécessaires à leur état. Des malades allongés dans les couloirs attendaient que nous les soulagions au plus vite, il fallait sauver le plus de vies humaines. Tel était l’objectif pour qu’ils regagnent au plus tôt les camps de prisonniers en Allemagne. Nous les encouragions de notre mieux, leur promettant notre indéfectible soutien et nous nous engagions à tenir bien haut le flambeau de la mémoire de ceux qui n’ont pu survivre si nombreux hélas !

Je termine mon propos sur une note d’espérance : Dormez en paix, chers frères d’armes, ces galets sur lesquels vous êtes tombés ont été vos linceuls de pierre, nous les foulons avec respect et le roulement que la mer leur imprime sera toujours là pour nous rappeler de porter votre deuil.

Soeur Agnès Marie.

Le petit Pierre

Le petit Pierre a quitté ce monde le 14 février 2010.

Pierre, Jacques et Jean

Il a apporté avec lui ses souvenirs de guerre.

Il n’est pas le seul à avoir caché ses souvenirs de guerre. Souvent des lecteurs et des lectrices me disent la même chose de leur père, leur oncle ou leur grand-père.

C’est pour eux que j’écris tant depuis.

Si on croit à la réincarnation (je n’y crois pas), j’ai dû m’endormir sur les plages de Dieppe le 19 août 1942.

Scène du débarquement de Dieppe.Année: 1942. © nd Auteur: inconnu. Commanditaire: Canada Wide. Référence: Canada Wide.
Scène du débarquement de Dieppe.Année: 1942. © nd Auteur: inconnu. Commanditaire: Canada Wide. Référence: Canada Wide.

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Pourquoi écrire sur Souvenirs de guerre?

Pourquoi écrire sur Souvenirs de guerre?

Pour partager, histoires, anecdotes et photos. Je vous permets d’utiliser ma plate-forme WordPress et mon « expertise » comme rédacteur.

Après plus de 470 billets publiés sur Souvenirs de guerre, je pense pouvoir m’octroyer le titre de rédacteur en chef.

Vous écrivez et je publierai.

On ne s’enfargera pas dans les fleurs du tapis… sauf si vous cherchez à mousser votre gloire personnelle.

En attendant vous pouvez aller lire Pilote de Spitfire et mon dernier billet sur le cousin de Georges Nadon.

Souvenirs de guerre – Épilogue

Je ne pense pas que ce lecteur avait inventé cette histoire.

Mon père, qui a survécu au naufrage de la corvette Louisbourg en Méditerranée en 1943, n’avait pas de très bons souvenirs de la façon méprisante et injuste dont furent traités les marins québécois sur leurs navires et même après la guerre. Ainsi, mon père, blessé à la colonne vertébrale et les poumons affectés par les fumées toxiques de l’incendie de son bateau, ce médaillé canadien-français n’a jamais reçu de pension de vétéran et nous avons vécu dans la pauvreté jusqu’à ce que nous venions vivre à Sept-Îles qui vivait alors un boom de développement industriel et domiciliaire.

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Je ne saurai jamais si l’oncle de ma femme avait inventé l’histoire de l’Athabaskan quand il en avait parlé juste un peu en 2009.

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Avait-il inventé cette histoire parce qu’on avait parlé de son frère Jean blessé en Normandie?

Il persistera toujours un doute.

Par contre, je n’ai aucun doute de ce que j’ai appris depuis 2009 au fil de mes écrits. Des vétérans ont inventé des histoires tirées de leurs souvenirs de guerre, et des gens, sans aller vraiment vérifier leurs dires, s’en sont servi à leurs propres fins… .

Et ils continueront de le faire.

Je vous laisse avec cette conclusion.

Quant à moi, je suis maintenant ailleurs avec Souvenirs de guerre, je suis sur Pilote de Spitfire.

 

Je ne suis pas un historien…

J’avais écrit ce billet en juillet dernier. J’avais tardé à le publier, car la colère n’est jamais bonne conseillère. Un historien m’avait écrit pour me demander mon aide. Je ne suis pas un historien loin de là.

J’écris seulement ce qu’on me raconte. J’ai une formation en enseignement de l’histoire tout au plus. Elle date des années 60. Ma passion pour l’histoire de la Deuxième Guerre mondiale s’est transformée radicalement au fil des années. Elle avait été influencée par les films d’Hollywood et la construction de modèles réduits. Il fallait bien commencer par quelque chose en 1958. Puis ma rencontre de l’oncle de ma femme a changé ma vision de la guerre et m’a amené à créer ce blogue, puis une série d’autres tant en langue française qu’en langue anglaise.

Souvenirs de guerre a enfanté 425 Alouette qui est devenu 425 Les Alouettes. Les Alouettes c’est comme ça que les vétérans appelaient l’escadrille 425 Alouette qui était en réalité un escadron.

Compliqué? Ce n’est pas grave.

Compliqué, c’est de lire mes blogues sur la Deuxième Guerre mondiale. En fait il ne faut pas les lire, mais les découvrir comme l’a fait Sharon Tremblay dont j’ai raconté l’histoire de son beau-père Georges Tremblay sur 425 Les Alouettes. Les découvrir comme Ti-Mick qui a bien voulu collaborer en partageant ses réflexions et ses photos sur le débarquement de Normandie.

Le débarquement, on en a écrit des choses, des vertes et des pas mûres. Les sanglots longs des violons de l’automne? Pas tout à fait. Ce serait les dés sont sur la table qui était le message codé! Ce n’est pas grave, le débarquement a quand même eu lieu.

Si je vous radote tout ceci, c’est que dans l’histoire de famille de ma conjointe, son autre oncle aurait été blessé sur les plages de Normandie. Il était dans les Fusiliers Mont-Royal. Il ne pouvait avoir été sur les plages, car ce régiment n’y était pas le Jour le plus long. Je me suis fait avoir! Ce n’est pas grave, il a été blessé après le débarquement et il est mort en 1964 des séquelles de sa blessure.  

Si je vous radote tout ceci encore c’est qu’on ne sait jamais toute la vérité sur le débarquement. Des vétérans en ont raconté des vertes et des pas mûres sur leur participation. Des livres ont été écrits. On doit se fier à la parole des vétérans ou bien les démasquer. Mais à quoi cela servirait-il à moins bien sûr de relater ces faits d’armes de nouveau sans vérifier les sources.

Bonne réflexion…

Dieppe 1942

Écrit cet été…

Où trouver la vérité sur les raisons de cette opération?

Ici?

Ici?

Ici?

Extrait

À ce jour, les historiens sont en désaccord quant à l’utilité de cette opération. Pour certains, il ne s’agit que d’un massacre sanglant et insensé qui utilisa les soldats canadiens comme de la chair à canon. Presqu’aucune des installations visées n’a été atteinte et seulement une faible proportion de la force de débarquement a pu être évacuée. La liste des pertes est longue: 3600 hommes, 106 avions, 1 destroyer, 30 chars d’assaut et 33 chalands de débarquement sont perdus. Les Allemands, eux, n’ont perdu que 600 hommes et environ une cinquantaine d’avions.

Difficile de partager entre les faits et la propagande.

On a tous sa petite idée sur Dieppe 1942.