HMCS Athabaskan, 29 avril 1944 Prologue

Premier article sur Souvenirs de guerre en ce 29 avril 2023, 79 ans après le 29 avril 1944.

Voici l’histoire du naufrage de l’Athabaskan.

L’oncle de ma femme aurait été chauffeur (stoker) à bord du destroyer Athabaskan et travaillait dans la salle des machines.

Le premier navire qui porta le nom d’Athabaskan fut lancé le 8 novembre 1941 et entra en service en 1943.

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Vers la fin d’août 1943, en tant que navire commandant un groupe de destroyers patrouillant dans le golfe de Gascogne, l’Athabaskan fut endommagé par un missile aérien lancé par un des bombardiers allemands qui attaquaient simultanément le groupe. L’Athabaskan retourna au port par ses propres moyens bien qu’une de ses chaudières et deux réservoirs à carburant aient été inondés. En février 1944, l’Athabaskan, le Huron et l’Haida rejoignirent la 10e flottille de destroyers basée à Plymouth en Angleterre. Pendant une patrouille dans la Manche dans la nuit du 29 avril, l’Athabaskan et l’Haida rencontrèrent des destroyers ennemis de la classe Elbing.

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Des salves répétés de canons touchèrent les navires ennemis et un des destroyers ennemis s’échoua. Pendant la bataille l’Athabaskan fut torpillé et coula. Le commandant, dix de ses officiers et 114 hommes d’équipage perdirent la vie; cinq officiers et 85 hommes d’équipage furent faits prisonniers. Un officier et 41 marins furent sauvés par l’Haida et revinrent en Angleterre.

J’ai trouvé le récit de la bataille sur Internet.

Si vous avez des souvenirs de guerre de vos ancêtres que vous souhaitez partager, vous pouvez m’écrire ici…

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HMCS Athabaskan, 29 avril 1944 Prologue

Premier article sur Souvenirs de guerre en ce 29 avril 2022, 78 ans après le 29 avril 1944.

Voici l’histoire du naufrage de l’Athabaskan.

L’oncle de ma femme aurait été chauffeur (stoker) à bord du destroyer Athabaskan et travaillait dans la salle des machines.

Le premier navire qui porta le nom d’Athabaskan fut lancé le 8 novembre 1941 et entra en service en 1943.

athabaskan1-1

Vers la fin d’août 1943, en tant que navire commandant un groupe de destroyers patrouillant dans le golfe de Gascogne, l’Athabaskan fut endommagé par un missile aérien lancé par un des bombardiers allemands qui attaquaient simultanément le groupe. L’Athabaskan retourna au port par ses propres moyens bien qu’une de ses chaudières et deux réservoirs à carburant aient été inondés. En février 1944, l’Athabaskan, le Huron et l’Haida rejoignirent la 10e flottille de destroyers basée à Plymouth en Angleterre. Pendant une patrouille dans la Manche dans la nuit du 29 avril, l’Athabaskan et l’Haida rencontrèrent des destroyers ennemis de la classe Elbing.

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Des salves répétés de canons touchèrent les navires ennemis et un des destroyers ennemis s’échoua. Pendant la bataille l’Athabaskan fut torpillé et coula. Le commandant, dix de ses officiers et 114 hommes d’équipage perdirent la vie; cinq officiers et 85 hommes d’équipage furent faits prisonniers. Un officier et 41 marins furent sauvés par l’Haida et revinrent en Angleterre.

J’ai trouvé le récit de la bataille sur Internet.

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HMCS Athabaskan, 29 avril 1944 Prologue

Il y a 77 ans, 128 marins allaient entrer dans l’histoire de la Marine royale canadienne.

Depuis août 2009, je n’ai pas cessé d’écrire sur Souvenirs de guerre.

Voici le tout premier billet…


Voici l’histoire du naufrage de l’Athabaskan.

L’oncle de ma femme aurait été chauffeur (stoker) à bord du destroyer Athabaskan et travaillait dans la salle des machines.

Le premier navire qui porta le nom d’Athabaskan fut lancé le 8 novembre 1941 et entra en service en 1943.

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Vers la fin d’août 1943, en tant que navire commandant un groupe de destroyers patrouillant dans le golfe de Gascogne, l’Athabaskan fut endommagé par un missile aérien lancé par un des bombardiers allemands qui attaquaient simultanément le groupe. L’Athabaskan retourna au port par ses propres moyens bien qu’une de ses chaudières et deux réservoirs à carburant aient été inondés. En février 1944, l’Athabaskan, le Huron et l’Haida rejoignirent la 10e flottille de destroyers basée à Plymouth en Angleterre. Pendant une patrouille dans la Manche dans la nuit du 29 avril, l’Athabaskan et l’Haida rencontrèrent des destroyers ennemis de la classe Elbing.

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Des salves répétés de canons touchèrent les navires ennemis et un des destroyers ennemis s’échoua. Pendant la bataille l’Athabaskan fut torpillé et coula. Le commandant, dix de ses officiers et 114 hommes d’équipage perdirent la vie; cinq officiers et 85 hommes d’équipage furent faits prisonniers. Un officier et 41 marins furent sauvés par l’Haida et revinrent en Angleterre.

J’ai trouvé le récit de la bataille sur Internet.

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En reprise – HMCS Athabaskan, 29 avril 1944 – Prologue

Note

Écrit en 2009, suite à la rencontre avec le petit Pierre.

Pierre, Jacques et Jean

Voici l’histoire du naufrage de l’Athabaskan.

L’oncle de ma femme a été chauffeur à bord du destroyer Athabaskan et travaillait dans la salle des machines.

Le premier navire qui porta le nom d’Athabaskan fut lancé le 8 novembre 1941 et entra en service en 1943.

athabaskan1-1

Vers la fin d’août 1943, en tant que navire commandant un groupe de destroyers patrouillant dans le golfe de Gascogne, l’Athabaskan fut endommagé par un missile aérien lancé par un des bombardiers allemands qui attaquaient simultanément.

L’Athabaskan retourna au port par ses propres moyens bien qu’une de ses chaudières et deux réservoirs à carburant aient été inondés.

En février 1944, l’Athabaskan, le Huron et l’Haida rejoignirent la 10e flottille de destroyers basée à Plymouth en Angleterre.

Pendant une patrouille dans la Manche dans la nuit du 29 avril, l’Athabaskan et l’Haida rencontrèrent des destroyers ennemis de la classe Elbing.

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Des salves répétés de canons touchèrent les navires ennemis et un des destroyers ennemis s’échoua. Pendant la bataille l’Athabaskan fut torpillé et coula.

Le commandant, dix de ses officiers et 100 hommes d’équipage perdirent la vie; cinq officiers et 80 hommes d’équipage furent faits prisonniers. Un officier et 45 marins furent sauvés par l’Haida et revinrent en Angleterre.

J’ai trouvé le récit de la bataille sur Internet.

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Chercher une aiguille dans une botte de foin

L’oncle de ma femme serait là sur la photo.

C’est la fille d’un marin qui m’a mis sur la piste.

Son père, Ernest Anderson, a été rescapé par le Haida et lui aussi, tout comme Pierre Bachant, ne se trouvait pas non plus sur la liste officielle des marins à bord de l’Athabaskan le 29 avril 1944. 

Voici Ernest Anderson…

Sa fille l’a reconnu. Elle possède aussi le livre Unlucky Lady. Ce fut donc facile de le reconnaître. Il était affecté à un des canons du navire. Il aurait été le seul survivant de son groupe.

Excellent nageur, malgré ses mains atrocement brûlées par le mazout à la surface de l’eau, il aurait rejoint le Haida.  Il a très peu parlé du naufrage à son entourage, mais il en a dit assez pour que sa fille le croit.

Cette histoire rejoint celle de l’oncle de ma femme. Il n’est pas sur la liste officielle, il a été rescapé par le Haida, et lui aussi n’a pas beaucoup parlé du naufrage.

Les vétérans ne parlent pas… ou très peu.

Je me demande des fois si ceux qui parlent beaucoup, parlent à travers leur chapeau.

Alouette…

L’Alouette affolée

Je sais que j’ai écrit beaucoup d’articles depuis le mois d’août 2009. On pourrait me comparer à une alouette affolée.

Cet article est le 298e!

Tout ce qui se trouve sur ce blogue intitulé Souvenirs de guerre est pour rendre  hommage finalement à un seul homme.

L’oncle de ma femme.

J’en ai écrit des articles, mais très peu sur lui, car je cherche encore à découvrir la vérité sur ce qu’il avait raconté un après-midi lors d’une réunion de famille.

Tout avait commencé par cet article publié le 17 août 2009.

Je crois avoir enfin trouvé la réponse que je cherchais.

À la prochaine…

La bataille de l’Île Vierge… la fin

Le silence s’est fait sur la mer, le contre-torpilleurs alle­mand a disparu… Dans l’est, l’horizon commence à pâlir. D’ici peu, à portée des batteries côtières allemandes, la situation des Canadiens risque de devenir délicate. A son tour, le phare de l’île de Batz émerge de la nuit.

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Dans une demi-heure, il fera jour. Pourtant de Wolf refuse de s’avouer vaincu.

– Cherchez bien à droite du phare ! C’est par là qu’il a disparu.

Pourtant, c’est à gauche du phare que l’officier de quart ef­fectue sa recherche. Il y a un instant, il a cru discerner une masse plus sombre que la nuit qui se retire. Mais oui ! C’est bien lui ! Le voila ! et il ponctue sa découverte d’un tel rugis­sement que plusieurs sur la passerelle sursautent.

En effet, c’est bien le Z 32 qui, espérant ainsi échapper à ses poursuivants, fait route lentement vers l’est à l’abri de son écran de fumée.

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Z 32

Aussitôt, de nouvelles salves quittent les tubes des canons canadiens. Un souffle brûlant balaye la passerelle. La première bordée de Haida est courte, mais la seconde fait but déclen­chant un incendie sur le pont du Z 32. Plus besoin désormais d’obus éclairants : l’Allemand signale tout seul sa position et il n’y a plus qu’à régler le tir sur le brasier.

Désespérément, von Berger tente une nouvelle manœuvre pour échapper aux obus adverses mais chaque seconde ou pres­que qui passe voit un nouveau projectile s’abattre sur son navire qui n’est bientôt plus qu’une épave sur laquelle le ronflement des flammes étouffe les hurlements de douleur des blessés. La côte est maintenant très proche. Avec un bateau en pareil état, le Commandant allemand n’a plus le choix : pour sauver un maximum de vies dans son équipage, il ne peut plus que s’échouer. Réduisant sa vitesse alors que les obus continuent à le marteler, il vient faire tête sur la pointe nord-ouest de Batz tandis que l’un après l’autre, se taisent  ses canons.

C’est la fin. Après une dernière salve qui fait encore but, Haida et Huron cessent le feu à leur tour, certains que désor­mais celui-là ne pourra plus nuire.

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HMCS Haida

Alors que dans le lointain, le rougeoiement de l’incendie marque la tombe du Z 32, la 10 DF se regroupe et met le cap sur Plymouth. Pour les Alliés, l’opération est un succès : deux navires ennemis détruits, un troisième gravement avarié et des pertes humaines incroyablement faibles eu égard à la violence de l’empoignade. Seul, le Tartar, a eu quatre tués.

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HMS Tartar

Côté allemand, le bilan humain est très lourd comme on pouvait s’y attendre : 140 morts ou disparus, des dizaines de blessés et sur le plan stratégique, la mise hors de combat des seuls navires qui auraient pu avec quelque chance s’opposer ef­ficacement au débarquement.

Sur les eaux vertes de la Manche ou le silence est enfin revenu, épaves et cadavres continuent à dériver…

La bataille de l’Île Vierge… 6e épisode

En grondant, les deux canadiens virent très court. L’Al­lemand a disparu derrière ses fumigènes. Cette rencontre aussi soudaine qu’inattendue laisse pantois les équipages de part et d’autre. Les uns comme les autres pensaient bien avoir affaire à l’un des leurs!

Dès que ses pièces sont à nouveau battantes, Haida ouvre un feu nourri en direction du navire allemand. Privé d’une con­clusion décisive un peu plus tôt, de Wolf espère bien cette fois-ci accrocher un résultat.

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– Transmettez au Tartar: « Suis au contact de l’ennemi. Vous rejoindrai plus tard. »

Mais le Z 32 car c’est de lui qu’il s’agit, a su mettre à profit le temps perdu en virement de bord par les canadiens et en route au sud-ouest, il donne toute sa puissance. Sans perdre un ins­tant, von Berger fait ouvrir le feu sur ses poursuivants et pen­dant une dizaine de minutes, les deux adversaires se canonnent en limite extrême de portée de leurs pièces. Tir bien évidem­ment très imprécis, d’autant que le Z 32 évolue fréquemment pour dérouter le tir canadien. Du temps et beaucoup de muni­tions perdues ! Le premier, Haida cesse le feu. Il est alors 3 heures 17. On ne peut avoir cet insaisissable allemand que par la ruse. Sur sa passerelle, de Wolf explique le plan par lequel il compte bien prendre son adversaire au piège.

– Si j’étais à sa place, affirme de Wolf, ayant laissé suppo­ser que je regagnais Brest, je ferais alors demi-tour pour me rendre à ma destination prévue à l’origine. Si tel est le cas et je crois que c’est bien là ce qu’il va faire, nous n’avons plus qu’à nous placer sur cette route pour l’intercepter. Gouvernez au 70 !

Une nouvelle fois, le silence retombe sur les passerelles des deux Tribals canadiens qui jouent là leur dernier atout. Penché sur la carte, le Commandant calcule soigneusement la route d’interception en tenant compte de tous les facteurs qu’il connaît. L’éclairage blafard de la table à cartes accentue davan­tage les profondes rides que de longues nuits sans sommeil ont creusé sur un visage osseux. A l’extérieur, officiers et marins ont repris la veille et tentent de percer le mur opaque de la nuit tandis que des torrents d’écume courent le long de la coque de Haida lancé à 25 noeuds.

HCMS Haida

HMCS Haida

Mais voici que tout-à-coup, un matelot, puis un autre, puis à son tour un officier, hument l’air.

– Ca pue le mazout, lieutenant !

– Des naufragés dans le gisement 20 !

En effet, à quelques dizaines de mètres, apparaît un groupe pitoyable de survivants qui se débattent dans une eau visqueuse de mazout. Les petites lampes fixées à leurs gilets de sauvetage dansent sur les vagues. A demi nus, les malheureux tentent d’attirer l’attention des canadiens.

« Hilfe ! Hilfe ! A l’aide ! »

Le son strident d’un sifflet déchire la nuit.

Un instant, Jack de Wolf hésite à s’arrêter pour les repê­cher mais la destruction du Z 32 lui parait prioritaire et, la mort dans l’âme, il abandonne ces pauvres diables qui font partie des rescapés du ZH1 à leur triste sort. La dure loi de la guerre prend le pas sur la traditionnelle chevalerie maritime.

Rendu particulièrement excité par le fracas de la canon­nade et la tension du combat, le matelot canonnier Bunker qui lui aussi a aperçu les naufragés sort de la tourelle Y et se pré­cipite le long des filières en proférant des menaces, à leur en­contre semble-t-il. Un second maître tente de le calmer, mais Bunker emporté par son accès de folie saute par dessus bord. Dans quel but ? Nul ne le saura jamais car tout comme les nau­fragés du ZH1, il ne survivra pas. L’homme lorsqu’il est soumis à de rudes épreuves psychologiques, a parfois de bien singu­lières réactions !

Le silence troublé quelques instants par l’évènement est retombé, plus pesant que jamais sur la passerelle de Haida où de Wolf continue de s’interroger. Et s’il s’était trompé sur les intentions de l’adversaire ? Quel dommage ce serait de laisser échapper pareille proie, surtout que ce choix il l’a fait au détri­ment de vies humaines. De toutes façons le sort en est jeté et il n’y a plus à espérer que son raisonnement s’avère juste.

Quatre heures du matin. Le radar enregistre des échos dans le nord. Ce sont les destroyers de la 2e division. Si les calculs de Jack de Wolf sont exacts, le Z 32 ne devrait plus être loin à présent. Mais il faut avant tout le surprendre et si possible tirer le premier car le bougre a de bons canons et il sait s’en servir.

4 heures 22…

– Echo sur tribord avant !

– Bon Dieu, c’est lui ! exulte de Wolf.

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« Alerte ! Artillerie au gisement d’attente 90 ! »

Illuminant violemment le ciel, un éclairant dépote juste au-dessus des canadiens. Le Z 32 a lui aussi repéré son adversaire. Il se trouve entre les alliés et la côte et vient de révéler sa posi­tion avec ce tir d’éclairants.

Faisant feu de toutes ses pièces, l’Allemand vire cap au sud et monte rapidement en allure. Son but est clair : il va se placer sous la protection de l’artillerie côtière à longue portée. Un écran épais de fumigènes se répand dans son sillage. Pour les canadiens, c’est maintenant ou jamais.

– Ouvrez le feu ! Vitesse 30 noeuds !

Labourant la mer de leurs étraves, les deux Tribals par­viennent à concentrer leur feu sur le Z 32 qui réplique spora­diquement et soudainement changeant de cap, vient encore plus a portée des canons adverses. Pour quelle raison ce changement de cap ? On n’en sait trop rien. Peut-être von Berger a-t-il trou­vé des mines devant son étrave.

Une fois encore, le vacarme de l’artillerie roule jusqu’à l’horizon tandis que le ciel s’embrase d’obus éclairants. Le spectacle de ces trois navires se canonnant à grande vitesse est véritablement dantesque.

Peu après, le Z 32 revient en route au sud. Tout autour de lui, les obus continuent à s’abattre mais, malheureusement pour von Berger, la côte de Bretagne est bientôt terriblement proche et il ne lui reste plus beaucoup d’espace pour manoeuvrer.

Z-32

Z 32

4 heures 59. Une nouvelle fois, le Z 32 change de cap et vient se réfugier dans son nuage de fumigènes alors que les ca­nadiens n’ont plus d’obus éclairants. De Wolf en jure de dépit. Cet insaisissable allemand va-t-il lui échapper encore une fois tant sont grands sa maîtrise et son art de l’esquive.

La bataille de l’Île Vierge… 4e épisode

Voici le 4e épisode du récit écrit par Yves Dufeil.

Sur la passerelle du Tartar, le Captain Jones ruisselle des embruns qui l’ont douché lors de plusieurs coups qualifiés de « near miss » et qui l’ont man­qué de peu. Conservant le sang-froid qui le caractérise, il possède une vue assez nette de l’ensemble de la situation. Sans dommages, il vient de croiser le navire de tête de la formation allemande qui n’est autre que son homologue, le Z 32 et aussitôt il décide de revenir bord à bord avec lui afin poursuivre le combat.

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HMS Tartar

– A gauche toute ! Venez au cap inverse !

Obéissant à sa barre, mais emporté par la force centrifuge, le Tartar prend une forte gite sur tribord au cours de ce vire­ment de bord dans lequel l’Ashanti s’engage à son tour. Voici le Z 32 et le ZH1 bord à bord avec les Anglais. Le tir un instant interrompu par l’évolution brutale, reprend de plus belle et cette fois à courte distance.

Soudain, un éclair fulgurant jaillit sur le ZH1. But ! C’est l’Ashanti qui vient d’ouvrir le score en plaçant une salve dans les machines du contre-torpilleurs.

Ashanti

HMS Ashanti

Mais l’avantage ne reste pas longtemps dans le camp anglais car c’est maintenant le Z 32 qui d’une torpille, vient de toucher le Tartar.

Z-32

Z 32

Semblable à un boxeur sonné, le destroyer fait une brutale embardée sur tribord et perd de la vitesse.

Aussitôt, l’Ashanti tout en continuant à tirer sporadi­quement sur les deux Allemands, évolue pour se porter au se­cours de son Chef de Flottille, ce qui laisse quelque répit au Z 32 et lui permet de mettre le plus grand nombre de tours d’hé­lice entre son poursuivant et lui. Pendant ce temps, courant en­core à faible vitesse sur son erre, le ZH1 que l’explosion de cet obus dans sa chaufferie a privé de propulsion, s’offre aux pro­chains coups de l’ennemi.

Destroyer DH1

ZH1

Un répit lui est pourtant accordé, car la torpille qui vient de frapper le Tartar a mis ce dernier K.O. pour quelque temps et Ashanti a fort à faire pour protéger son leader d’une nouvelle attaque. A vrai dire, de part et d’autre, on a besoin après ces folles minutes de reprendre son souffle.

L’avarie est sérieuse sans aucun doute, mais le Tartar n’est pas en danger de mort  tant la vitalité de ce type de destroyers est étonnante. Un paillet d’obstruction bien placé et sous peu, il pourra reprendre le combat. Aussi, laissons pour l’instant l’infortuné ZH1 stoppé et ravagé par l’incendie, le Z 32 qui continue à s’éloigner, persuadé d’avoir le ZH1 dans son sillage, pour rejoindre maintenant les canadiens Haida et Huron aux prises avec les Z 24 et T 24.

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Z 24

De leur côté, les Canadiens ont fait du bon travail. Après quelques coups de réglage, les canonniers ont dès le début de l’engagement trouvé la bonne hausse et le tir est à présent d’une précision diabolique. Coup sur coup, deux obus frappent de plein fouet  le Z 24, mettant hors de combat la tourelle avant de 150 mm, tandis que le second explose dans l’abri de navigation. Puis quelques instants plus tard, de nouveaux projectiles font explosion endommageant la cheminée ainsi qu’une soute à ma­zout et détruisant plusieurs affûts de DCA. Deux minutes se sont écoulées depuis le début de l’affrontement. Désemparé, gouvernant à peine, privé de radio et de ses transmissions inté­rieures, voici que le Z 24 est déjà pratiquement réduit à l’état d’épave.

Fortement commotionné, Heinz Birnbacher qui se trouvait sur la passerelle reste quand même lucide. Des incendies font rage sur la plage avant qui avec la passerelle, est la partie ayant encaissé les coups les plus sévères. Dans la lueur infernale du brasier que ses hommes tentent de combattre, il aperçoit des corps inertes que l’on soustrait à grand peine aux flammes. Son navire est définitivement hors de combat et tout sera bientôt perdu s’il ne parvient pas à le soustraire au feu des Canadiens.

– Emission de fumigènes ! Signalez les avaries !

Fort heureusement, malgré les avaries, la machine intacte peut encore propulser le navire à bonne vitesse. Atout capital dans son état et dont on ne se prive pas pour accélérer. Soudain, sur bâbord avant, se profile une ombre. Un navire de guerre !

– A droite toute !

De justesse la collision est évitée et l’ombre identifiée. Ce n’est autre que le ZH1 en avarie de gouvernail et incapable de se diriger. Quelques secondes plus tard, happé par la nuit, le contre-torpilleur a disparu.

La bataille de l’Île Vierge… 3e épisode

Voici l’ordre de bataille que j’ai trouvé sur un site…

Forces britanniques
Capt. B. Jones

10th Flotilla

19th Division
Capt. B. Jones
HMS Tartar (F)—Capt. B. Jones
HMS Ashanti—Lt.Cmdr. J.R. Barnes
HMCS Haida—Cmdr. H.G. DeWolf
HMCS Huron—Lt.Cmdr. Rayner

20th Division
Cmdr. K. Namiesniowski

ORP Blyskawica (F)—Cmdr. K. Namiesniowski
ORP Piorun—Lt.Cmdr. T. Gorazdowski
HMS Eskimo—Lt.Cmdr. E.N. Sinclair
HMS Javelin

Forces allemandes
Capt. Theodor Freiherr von Bechtolsheim

8th Flotilla
Z-32*(F)—Cmdr. Heinrich Gerlach
Z-24—Cmdr. Hainz Birnbacher
ZH-1*—Cmdr. Klaus Barckow
T-24—Lt.Cmdr. Wilhelm Meentzen

*coulé

Sources:
J. Pertek, « Wielkie dni malej floty »,1987
C. Bekker, « Verdammte See », 1971

Le T-24, le destroyer qui aurait coulé l’Athabaskan, est de la bataille avec le Lt.Cmdr. Wilhelm Meentzen.

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Wilhelm Meentzen

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T-24

Le commandant DeWolf et l’Haida sont aussi de la bataille…

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Harry DeWolf

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HMCS Haida

Voici la suite du récit d’Yves Dufeil.

Mais, revenons à bord des navires alliés qui, menés à bonne allure, effectuent un balayage d’est en ouest afin d’inter­cepter la 8-ZF. Les radars n’ont encore rien détecté mais les conditions de propagation ne sont guère propices. Cependant, le Captain Jones, rompu à ce genre de situation flaire que les Allemands ne doivent plus être bien loin désormais. A la mon­tre d’habitacle, il est 1 heure 15 en ce matin du 9 juin. Trois jours après le débarquement, même si une tête de pont parait bien établie en Normandie, la victoire n’est pas encore acquise, de beaucoup s’en faut et ainsi que le pense Jones, il suffit que ces quatre navires allemands parviennent à gagner Cherbourg pour qu’un risque supplémentaire vienne peser sur l’avenir.

Au même moment, von Berger infléchit légèrement la route de la 8-ZF vers le sud, afin de passer malgré tout aussi près que possible de la côte. Soudain, alors que la flottille vient de pren­dre ce nouveau cap, la voix de l’opérateur du S-Gerät le fait sur­sauter.

– Echo de mines droit devant !

Rien à faire de ce côté. Les Alliés ont mouillé de nouvelles mines. Il faut absolument passer plus au large. Von Berger a le désagréable sentiment que le piège est en train de se refermer…

– A toute la flottille ! Par la gauche, venir au cap 85 !

Sur le journal de bord du Z 32, l’officier de quart porte ce nouveau changement de cap en regard de l’heure à laquelle il a été effectué : 1 heure 20.

Z-32

Z 32

En quelques minutes, la 8-ZF est revenue sur sa route ini­tiale tandis que l’attente se poursuit, angoissante dans l’opacité environnante. Sur l’aileron bâbord, la veille a été renforcée car c’est sans doute de ce côté là que surgiront les navires ennemis. D’ailleurs, depuis quelques instants, un matelot scrute fixement un point précis de l’horizon. Il est alors 1 heure 23.

– Navires ennemis sur bâbord avant !

En effet, dans les jumelles de nuit, on peut maintenant distinguer la flottille ennemie. A première vue, on peut compter cinq ou six navires. Croiseurs ? Destroyers ? Difficile à dire mais cela ne fait plus aucun doute, les Allemands sont au contact de la force d’interception.

– A toute la flottille : vitesse maximum ! Navires ennemis au gisement 340 ! Tir de quatre torpilles en gerbe ! ordonne von Berger par UK. Venir en route au Nord !

L’ordre est promptement exécuté à bord des navires de la 8-ZF et se traduit sur le Z 32 par quatre sifflements d’air chassé sous haute pression, accompagnés de quatre « ploufs » sonores. Dans ces instants de tension extrême, tous les bruits prennent une résonance particulière.

Du côté allié, on ne reste pas inactif non plus car, depuis 1 heure 18, le contact radar a été obtenu par Haida qui en a aussi­tôt avisé Tartar son leader. Froidement calculateur, Jones at­tend l’ultime seconde pour se découvrir en ouvrant le feu, per­suadé qu’il est que la détection allemande est bien inférieure à la sienne. Mais à présent cet instant est très proche ; il est même imminent.

– Sillages de torpilles sur bâbord avant !

– Exécution Tartar et Ashanti ! A gauche toute ! Tir d’éclairants ! Feu à vue !

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HMS Tartar

Good Jesus ! il s’en est fallu de peu !

En moins de temps qu’il n’en a fallu pour le dire, le bosco du Tartar pressentant l’urgence de la manoeuvre a mis sa barre toute à gauche. Dans ces quelques instants que dure l’évolution et au cours de laquelle les Anglais offrent leur flanc aux tor­pilles, chaque seconde semble durer une éternité.

Mais, une chance insolente sert les Britanniques qui, en­cadrés par les torpilles, n’en encaissent aucune. Le combat a maintenant pris un nouvel aspect et ne laisse plus aux exécu­tants, de quelque bord qu’ils soient, un seul instant pour réflé­chir. Il faut agir vite, mécaniquement, par réflexe. Dans un fra­cas de tonnerre, les premiers coups de 120 viennent de partir et de longues flammes orangées sortent des tubes des tourelles A et B. Malheureusement, le plafond est bas et les obus éclairants dépotant bien au-dessus de la base des nuages ne sont vraiment efficaces que durant les dernières secondes de leur chute. C’est peu, mais suffisant néanmoins pour les canonniers de part et d’autre, d’autant que la lueur de départ des salves illumine celui qui tire. Un véritable duel d’artillerie s’engage entre la 8-ZF et les des­troyers Tartar et Ashanti bientôt rejoints par les autres. Les coups sont imprécis, mais certaines gerbes inondent les passe­relles, d’un côté comme de l’autre. Ce sont huit monstres de feu et d’acier qui se ruent les uns vers les autres, crachant la mort par toutes leurs pièces battantes. Dans un instant, les adversai­res lancés à plus de trente noeuds vont défiler à contre bord et là, les coups pourraient bien porter.

HMS Ashanti

HMS Ashanti

Pourtant, ni de part ni d’autre, les équipages grisés par le vacarme, l’odeur âcre de la cordite et les coups manqués de peu ne songent un instant au coup fatal tant ils sont absorbés par leurs tâches respectives. Surtout dans les tourelles où la ca­dence de tir est infernale, les servant ruissellent sans savoir si c’est l’effet de la chaleur ou de l’excitation qui masque la peur car en pareils instants, alors que la seconde que vous vivez est peut-être la dernière, personne n’a le temps d’analyser ses sen­timents.