Voici l’ordre de bataille que j’ai trouvé sur un site…
Forces britanniques
Capt. B. Jones
10th Flotilla
19th Division
Capt. B. Jones
HMS Tartar (F)—Capt. B. Jones
HMS Ashanti—Lt.Cmdr. J.R. Barnes
HMCS Haida—Cmdr. H.G. DeWolf
HMCS Huron—Lt.Cmdr. Rayner
20th Division
Cmdr. K. Namiesniowski
ORP Blyskawica (F)—Cmdr. K. Namiesniowski
ORP Piorun—Lt.Cmdr. T. Gorazdowski
HMS Eskimo—Lt.Cmdr. E.N. Sinclair
HMS Javelin
Forces allemandes
Capt. Theodor Freiherr von Bechtolsheim
8th Flotilla
Z-32*(F)—Cmdr. Heinrich Gerlach
Z-24—Cmdr. Hainz Birnbacher
ZH-1*—Cmdr. Klaus Barckow
T-24—Lt.Cmdr. Wilhelm Meentzen
*coulé
Sources:
J. Pertek, « Wielkie dni malej floty »,1987
C. Bekker, « Verdammte See », 1971
Le T-24, le destroyer qui aurait coulé l’Athabaskan, est de la bataille avec le Lt.Cmdr. Wilhelm Meentzen.

Wilhelm Meentzen

T-24
Le commandant DeWolf et l’Haida sont aussi de la bataille…

Harry DeWolf

HMCS Haida
Voici la suite du récit d’Yves Dufeil.
Mais, revenons à bord des navires alliés qui, menés à bonne allure, effectuent un balayage d’est en ouest afin d’intercepter la 8-ZF. Les radars n’ont encore rien détecté mais les conditions de propagation ne sont guère propices. Cependant, le Captain Jones, rompu à ce genre de situation flaire que les Allemands ne doivent plus être bien loin désormais. A la montre d’habitacle, il est 1 heure 15 en ce matin du 9 juin. Trois jours après le débarquement, même si une tête de pont parait bien établie en Normandie, la victoire n’est pas encore acquise, de beaucoup s’en faut et ainsi que le pense Jones, il suffit que ces quatre navires allemands parviennent à gagner Cherbourg pour qu’un risque supplémentaire vienne peser sur l’avenir.
Au même moment, von Berger infléchit légèrement la route de la 8-ZF vers le sud, afin de passer malgré tout aussi près que possible de la côte. Soudain, alors que la flottille vient de prendre ce nouveau cap, la voix de l’opérateur du S-Gerät le fait sursauter.
– Echo de mines droit devant !
Rien à faire de ce côté. Les Alliés ont mouillé de nouvelles mines. Il faut absolument passer plus au large. Von Berger a le désagréable sentiment que le piège est en train de se refermer…
– A toute la flottille ! Par la gauche, venir au cap 85 !
Sur le journal de bord du Z 32, l’officier de quart porte ce nouveau changement de cap en regard de l’heure à laquelle il a été effectué : 1 heure 20.

Z 32
En quelques minutes, la 8-ZF est revenue sur sa route initiale tandis que l’attente se poursuit, angoissante dans l’opacité environnante. Sur l’aileron bâbord, la veille a été renforcée car c’est sans doute de ce côté là que surgiront les navires ennemis. D’ailleurs, depuis quelques instants, un matelot scrute fixement un point précis de l’horizon. Il est alors 1 heure 23.
– Navires ennemis sur bâbord avant !
En effet, dans les jumelles de nuit, on peut maintenant distinguer la flottille ennemie. A première vue, on peut compter cinq ou six navires. Croiseurs ? Destroyers ? Difficile à dire mais cela ne fait plus aucun doute, les Allemands sont au contact de la force d’interception.
– A toute la flottille : vitesse maximum ! Navires ennemis au gisement 340 ! Tir de quatre torpilles en gerbe ! ordonne von Berger par UK. Venir en route au Nord !
L’ordre est promptement exécuté à bord des navires de la 8-ZF et se traduit sur le Z 32 par quatre sifflements d’air chassé sous haute pression, accompagnés de quatre « ploufs » sonores. Dans ces instants de tension extrême, tous les bruits prennent une résonance particulière.
Du côté allié, on ne reste pas inactif non plus car, depuis 1 heure 18, le contact radar a été obtenu par Haida qui en a aussitôt avisé Tartar son leader. Froidement calculateur, Jones attend l’ultime seconde pour se découvrir en ouvrant le feu, persuadé qu’il est que la détection allemande est bien inférieure à la sienne. Mais à présent cet instant est très proche ; il est même imminent.
– Sillages de torpilles sur bâbord avant !
– Exécution Tartar et Ashanti ! A gauche toute ! Tir d’éclairants ! Feu à vue !

HMS Tartar
Good Jesus ! il s’en est fallu de peu !
En moins de temps qu’il n’en a fallu pour le dire, le bosco du Tartar pressentant l’urgence de la manoeuvre a mis sa barre toute à gauche. Dans ces quelques instants que dure l’évolution et au cours de laquelle les Anglais offrent leur flanc aux torpilles, chaque seconde semble durer une éternité.
Mais, une chance insolente sert les Britanniques qui, encadrés par les torpilles, n’en encaissent aucune. Le combat a maintenant pris un nouvel aspect et ne laisse plus aux exécutants, de quelque bord qu’ils soient, un seul instant pour réfléchir. Il faut agir vite, mécaniquement, par réflexe. Dans un fracas de tonnerre, les premiers coups de 120 viennent de partir et de longues flammes orangées sortent des tubes des tourelles A et B. Malheureusement, le plafond est bas et les obus éclairants dépotant bien au-dessus de la base des nuages ne sont vraiment efficaces que durant les dernières secondes de leur chute. C’est peu, mais suffisant néanmoins pour les canonniers de part et d’autre, d’autant que la lueur de départ des salves illumine celui qui tire. Un véritable duel d’artillerie s’engage entre la 8-ZF et les destroyers Tartar et Ashanti bientôt rejoints par les autres. Les coups sont imprécis, mais certaines gerbes inondent les passerelles, d’un côté comme de l’autre. Ce sont huit monstres de feu et d’acier qui se ruent les uns vers les autres, crachant la mort par toutes leurs pièces battantes. Dans un instant, les adversaires lancés à plus de trente noeuds vont défiler à contre bord et là, les coups pourraient bien porter.

HMS Ashanti
Pourtant, ni de part ni d’autre, les équipages grisés par le vacarme, l’odeur âcre de la cordite et les coups manqués de peu ne songent un instant au coup fatal tant ils sont absorbés par leurs tâches respectives. Surtout dans les tourelles où la cadence de tir est infernale, les servant ruissellent sans savoir si c’est l’effet de la chaleur ou de l’excitation qui masque la peur car en pareils instants, alors que la seconde que vous vivez est peut-être la dernière, personne n’a le temps d’analyser ses sentiments.