Bonjour
Je suis à la recherche d’un Canadien dont le prénom était Anthony. Il a séjourné plusieurs mois ou semaines dans ma famille (Glanard) près de Saint-André-de-l’Eure (Batigny). Il s’est écrasé dans un champ près du village. Il a été blessé à un bras, et a perdu sa montre. Mon oncle l’a retrouvée et la lui a rendue. Il l’avait réparée.
J’ai une photo.
Aucune des personnes qui l’avaient aidé n’a oublié cet homme, mais elles sont toutes décédées maintenant.
Si quelqu’un a des renseignements sur le crash, ce serait bien. Je suppose qu’il est rentré en Angleterre en septembre 1944 lorsque Saint-André-de-l’Eure et Evreux ont été libérés à la fin du mois de septembre 44.
Merci d’avance
Le début de l’histoire… par Micka Perier
L’été 1944 ne devait pas être un été très tranquille à Saint-André-de l’Eure. C’est que les Alliés mettent la pression aux Allemands avec l’aérodrome.
Alors on se dépêche de faire ce qu’on a à faire à la ferme, histoire de ne pas tenter le diable et rentrer à l’abri.
Marcel Glanard, mon arrière-grand-père se dit bien qu’il préfèrerait aller boire un verre avec ses copains après le boulot, mais il y a le foin à rentrer et il faut vite rentrer parce que là….ça pète fort à Saint-André.
Alors qu’il est en route pour la ferme, un bruit d’avion se rapproche dangereusement et Marcel voit cet avion s’écraser dans le champ d’à côté. Tant pis, il y va mais il se dit que…..ça va pas être joli…
Il en sort un pilote inconscient et blessé au bras. Il est lourd ce grand mec ! Il faut faire vite. En plus les « boches » ne vont pas tarder à arriver. Une fois à la ferme, le Canadien a été soigné et caché dans le bâtiment d’en face, de l’autre côté de la cours. Au dessus des vaches. Quand il est revenu à lui, le Canadien a commencé à parler. Il s’appelle Anthony. Alors mon arrière-grand-mère Marguerite et ma grand-mère Ginette lui apportent à manger. Bernard et Marie Rose (frère et sœur de ma grand-mère) viennent voir si le Canadien est réveillé.
La routine s’installe dans le plus grand secret. Si les Allemands l’apprennent tout le monde va y passer. Attention aux voisins aussi…Y a des collabos dans le coin.
Tous les jours, Ginette apporte les repas. On soigne son bras aussi. De toute façon, mieux vaut rester caché parce que les Nazis tournent beaucoup en ce moment et ils sont nerveux….surtout les saloperies de SS ! Ils ont failli fusiller Bernard l’autre jour parce qu’il revenait à vélo et qu’ils le suspectaient d’être un résistant….Quelle drôle d’idée !…Les soldats de la Wehrmacht, ils sont plus normaux. Des pauvres gars fermiers comme ici. Bernard doit retourner sur le site du crash parce qu’Anthony a perdu sa montre. Cette montre, c’est son père qui lui a offerte avant de partir pour la guerre en Europe. Il y tient mais il ne veut pas abuser. Bernard lui, ça l’amuse ce genre de choses alors il y retourne…et puis, il aime bien provoquer les Allemands aussi… Et bien il l’a retrouvée ! Incroyable. Anthony est tellement heureux et reconnaissant ! Bernard lui a même réparé le bracelet.
Les combats font rage et on commence à dire que les Allemands vont partir de Saint-André et même d’Evreux. L’automne arrive pour les Nazis. Anthony peut partir rejoindre les siens. Ginette a le cœur serré. La famille Glanard a rempli sa mission en attendant une autre.
Bien des années après, sur le marché de Saint André, dans les années 80, Ginette pense l’avoir revu. Ce vieil homme ressemble à l’aviateur. C’est un étranger parmi d’autres vétérans. Elle n’ose pas aller lui parler. Certains secrets sont tenaces. Certains héros sont discrets.