HMCS Athabaskan, 29 avril 1944… deuxième partie

Voici la suite de l’histoire du naufrage de l’Athabaskan écrite il y a 12 ans. 

Il est très précisément 3 h 07 lorsque le Haida reçoit un message destiné aux deux Canadiens et qui leur enjoint de prendre un cap sud-ouest afin d’intercepter deux navires allemands qui ont été repérés à hauteur des Roches-Douvres,

Phare Roches-Douvres

en route à 20 nœuds, cap à l’ouest.

Ironie du sort, ces deux navires allemands ne sont autres que les T 24 et T 27 qui, trois nuits auparavant, se sont fait sérieusement étriller par les Alliés dont le Haida au large des Sept-Îles.

Destroyer de la classe Elbing

Au cours de cet engagement, la Kriegsmarine a même perdu son T 29 tandis que les T 24 et T 27 se réfugiaient à Saint Malo, assez sérieusement endommagés. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’ils ont repris la mer cette nuit et font route sur Brest, le seul port rapproché où ils trouveront la possibilité de réparer leurs avaries.

À bord des destroyers canadiens, ce message aussitôt répercuté vers Athabaskan a eu pour effet de placer les équipages déjà aux postes de combat dans un stade d’alerte tel que l’étape suivante sera l’ouverture du feu.

Veilleurs et radaristes explorent attentivement l’horizon dans un secteur allant d’est en ouest et passant par le sud. Mais voici qu’une antenne de radar s’immobilise, revient un peu en arrière et s’immobilise à nouveau. Cela peut nous paraître étrange à nous qui n’avons jamais vu les antennes radar autrement qu’en rotation permanente, mais rappelons-le, nous sommes en 1944 et ce radar est encore bien loin de ce qu’il sera bientôt. Enfin, quoi qu’il en soit, si cette antenne vient de s’immobiliser dans une direction bien précise c’est à l’évidence parce que l’opérateur a un écho.

L’identification n’en est ni longue, ni douteuse.

– Échos ennemis dans le 133. Distance 14 milles !

Il est tout juste 4 heures.

– Artillerie au gisement d’attente 270 ! Approvisionnez la tourelle A avec trois éclairants !

Dans le faible ronronnement de leurs moteurs de pointage, les trois tourelles pivotent et pointent leurs six tubes dans la direction approximative du but. Dans le poste central d’artillerie ainsi que dans le central torpilles, les calculateurs qui ont été alimentés avec les paramètres fournis par le radar élaborent les corrections qui vont permettre aux armes de commencer le feu avec le maximum d’efficacité. La distance quant à elle, décroît régulièrement.

Les équipages des deux navires allemands sont eux aussi aux postes de combat mais, avec leurs radars hors service depuis le dernier engagement, ils n’ont pas encore pu déceler les Canadiens et la nuit est bien trop noire pour permettre une détection optique à pareille distance.

Huit mille yards… Un peu plus de quatre milles. 7500 yards… Le moment approche. Tendus comme on peut l’être avant un combat imminent, les Canadiens retiennent leur souffle… 7000 yards…

C’est le moment !

-Tourelle A, tir de trois éclairants sur bâbord !

À quelques secondes d’intervalle, trois obus quittent en grondant les tubes de 120 de la tourelle et entament leur course parabolique qui s’inscrit sous forme d’un mince trait lumineux sur le fond noir du ciel. Mais nul ne songe à apprécier la parfaite régularité géométrique de la figure car tous les regards, ceux des télémétristes en particulier sont braqués sur cette partie d’horizon où vont exploser les obus.

Un… deux… trois… Tour à tour, les trois obus dépotent et le magnésium enflammé illumine la surface de la mer jusqu’à l’horizon.

– Rouge 50 ! Deux torpilleurs classe Elbing !

– Tourelles B et C ! Feu continu !

Pas un mot superflu n’a été prononcé. Chacun sait parfaitement ce qu’il a à faire et aussitôt les canons tonnent dans un terrible fracas qui ébranle le navire de la quille à la tête du mât. Une forte odeur de cordite envahit l’atmosphère.

Haida a également ouvert le feu et les salves se succèdent à un rythme élevé, se faisant de plus en plus précises. En limite de portée, les Allemands tirent à leur tour des éclairants puis ouvrent le feu.

– L’ennemi fait de la fumée et met le cap à l’est !

Un veilleur, on ne sait pas trop lequel dans l’obscurité qui enveloppe la passerelle, a observé la manœuvre. Le capitaine de frégate DeWolf, commandant Haida réfléchit rapidement au but de la manœuvre de ses adversaires : il est probable qu’au cours de ce virement de bord ils vont effectuer un tir de torpilles. Pour avoir un maximum de chances de les éviter, la meilleure solution est de leur présenter une silhouette aussi mince que possible et donc de venir en route droit sur elles.

– À gauche 20 ! Exécution Athabaskan !

Au sein de la flottille, c’est Haida qui porte la marque du Senior Officer, le commander DeWolf, chef de flottille et qui à ce titre, a autorité sur le Lieutnant Commander Stubbs, maître de l’Athabaskan. Cette situation par ailleurs normale en soi, résulte essentiellement de la nécessité d’avoir, au combat surtout, un commandement unique.

Pour exécuter l’ordre, les deux destroyers entament donc un virage serré destiné à les amener pratiquement cap au sud, tandis que les tourelles pivotent progressivement afin de rester pointées sur leur objectif. Très vite d’ailleurs, les tourelles arrière qu’on appelle X et Y arrivent en butée et se

taisent.

À présent, l’objectif se trouve devant les navires mais les tourelles A et B poursuivent le tir sans désemparer. Entre deux salves, on perçoit nettement ce sifflement grave que font les obus allemands lorsqu’ils tombent trop long en formant d’impressionnants geysers à faible distance du bord.

Car, ne nous méprenons pas, bien qu’en situation d’infériorité du fait des avaries précédentes, les deux torpilleurs adverses demeurent redoutables.

Les équipages sont combatifs et leur armement n’a rien à envier à celui des Canadiens. Même si, profitant de la surprise, les Alliés ont pris l’avantage, l’issue de l’affrontement demeure encore très incertaine.

Soudain, c’est le drame.

Source du texte : http://www.histomar.net/Manche/htm/selection.htm

Si vous avez des souvenirs de guerre de vos ancêtres que vous souhaitez partager…

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